2021
17 x 10.5 cm
230 pages

Les mauvais plis

~

Anne Lardeux

Roman poétique
nuage
Nullica
2021
17 x 10.5 cm
230 pages

Premier roman à la charge érotique très forte portée par une écriture libre et sensuelle, ces Mauvais plis sont une ode aux filles de feu et à la poésie des corps. On les lit d’une traite et parfois, la main s’égare dans les culottes.
Ils racontent une année dans la vie de la Station, un lieu abandonné dans la MRC de Bécancour autour duquel gravitent celles et ceux qui refusent le monde tel qu’on le leur propose.

EXTRAIT

Il y a cette fille qui mange des céréales, du fromage en grain, de la bière et des chips.
Son projet est de s’attacher aux autres et, quand ça adonne, de coucher avec eux.
Elle n’a pas de nom.
Elle fait partie d’un groupe qui voulait inventer quelque chose,
une technique de guerre en même temps qu’une nouvelle forme de vie.

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Autour du livre

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Après avoir lu Les Mauvais Plis, il y a de fortes chances que vous ne sachiez plus lire de gauche à droite, peut-être même marcher un pied devant l’autre. Primo-romancière française vivant au Canada, Anne Lardeux propulse un objet hybride poétique, théâtral, audacieux et exigeant. Une année dans la vie de la Station, une forme de squat dans une ville perdue, quelque part au Québec, est décrite par des personnages en sérieuse errance, en quête d’érotisme et de désir politique. On est d’emblée pris par la main de « la fille sans nom » dont le projet est « de s’attacher aux autres et, quand ça adonne, de coucher avec eux ». Une disparue bouleversée par une phrase trouvée dans un livre de bibliothèque (« En juin les arbres avaient été d’un vert à perdre la tête ») nous émeut parce qu’elle s’égare la nuit de banc en banc sans que rien ne lui arrive de mal. Une « police » (femme policière) est devenue flic « pour approcher les hommes », participer à leurs fantasmes et l’explique sans détour : « « Je ne suis pas la femme de Ken, je suis Ken, ça les rend fous ». Les Mauvais Plis, ce n’est pas une allégorie, un tic pour théoriser sa propre poésie, même si cela effleure tant la langue est dense et tenue. Tout est incarné jusque dans le bol de céréales de la fille sans nom : « c’est quand les flocons deviennent mous que ça me rassure, leur texture douce comme l’amour pas contrarié d’une mère ». La même narratrice qui s’était présentée comme « une fille perdue des années 1970 dans un monde qui court à sa perte » expose sa démarche de façon surprenante : « je décris ce que je vois sans aucune idée de l’ensemble ni vraiment du chemin parcouru. Je pense avec mes pieds ». Ce mélange d’humour noir, d’absurde, de petites histoires et de narration éclatée rappelle en bien des endroits l’écriture vivante d’Hélène Bessette, composée d’incessants pas de côté. Et comme Ida, la petite disparue « ne sait pas au nom de qui elle est là. Elle ne sait pas qui avance quand elle marche ». 

Flora Moricet, Le Matricule des anges
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